Le documentaire Chercher la vie,
que je voudrais tourner dans mon pays natal, Haïti, présente
au spectateur deux femmes, Anne-Rose et Jeanne, chacune avec
sa propre manière de mener son combat pour la vie.
La première des deux prépare dans une gargote, dans la rue,
des plats pour le déjeuner, qu'elle vend aux ouvriers d'une
usine de Port-au-Prince; la seconde travaille dans cette même
usine comme ouvrière à la production de balles de base-ball,
et chaque jour à la pause, elle achète son déjeuner à crédit
à Anne-Rose.
A travers la relation entre les deux femmes, le film montre
une partie de leur travail de tous les jours et le combat
qu'elles et les autres femmes livrent pour la survie au quotidien.
Par ailleurs, le film illustre clairement la façon dont l'importation
de denrées nord-américaines a contribué à l'effondrement de
la production régionale des paysans haïtiens et a précipité
la ruine de la situation économique d'Haïti.
La mise en relation de ces deux thèmes du film, qui au premier
abord ne semblent pas avoir de rapport l'un avec l'autre,
révèle l'importance que revêtent aujourd'hui, dans une économie
exsangue, les femmes haïtiennes.
Chercher la vie est un film
sans explications, avec très peu de texte, car je voudrais
raconter l'histoire de Anne-Rose et Jeanne en images. Chacune
des deux femmes a sa manière de combattre, et chacune cherche
la vie à son rythme. Je voudrais montrer ce rythme et en faire
en même temps le fondement de mon film. Les femmes parleront
à leur façon de leur réalité et de leur expérience. Un montage
parallèle fera comprendre ce conflit, ce contraste et ce combat
quotidien des deux femmes.
Par mes images de ce pays, je voudrais dévoiler les efforts
permanents et le génie inventif des femmes d'Haïti dans leur
recherche de la survie quotidienne, et chercher à saisir la
réalité de mon pays aujourd'hui.
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